Histoire de l'arrivée de Mimo en France

Histoire de l'arrivée de Mimo en France

Par Administrateur le 30/10/2023 à 07:21

Au cœur de l'Opéra
2020, une année pas comme les autres
L'année 2020 a donné un coup d'arrêt brutal aux répétitions et aux concerts de la Barcarolle. Une seule représentation a pu être donnée, le 19 janvier, en l'église St-Pierre de St Louis-Neuweg, devant un public nombreux et enthousiaste. Alors que notre traditionnelle soirée paëlla du 7 mars 2020
devait réunir 180 convives, le préfet du Haut-Rhin annonçait la veille l'interdiction de toute réunion publique de plus de 50 personnes. Il est aisé d'imaginer la suite. Je ne vais donc pas vous raconter la mise en veilleuse de toute l'activité publique de La Barcarolle.
L'histoire haute en couleurs de notre chef de choeur
Aussi, l'occasion qui m'est offerte est trop belle : je vais vous conter l'histoire rocambolesque d'un pilier de notre ensemble vocal, celle de l'arrivée en France de Mimo ILIEV, notre chef de chœur depuis 1994.

Le chef de chœur Mimo ILIEV (à droite), et le pianiste Joachim BAUMANN, juste avant un concert
Mimo est né en Bulgarie le 3 novembre 1956 à Stara Zagora, petite ville de province à 240 km de Sofia. Son père est chef d'orchestre à l'opérade la ville, et sa mère, cantatrice. Il passe son enfance dans les coulisses de l'opéra, à jouer avec les baguettes en bois de son père. En 1970, la famille déménage à Plovdiv, ville située à 80 km de Stara Zagora. A l'âge de 14 ans, Mimo, baigné dans la musique dès sa plus tendre enfance, intègre le conservatoire de la ville. Il apprend à jouer du piano et du trombone è coulisse, qui deviendra son instrument de prédilectioo, En 1976, il fait son service militaire dans l'armée bulgare qui faisait partie du « Pacte de Varsovie » rassemblant toutes les armées des Pays de l'Est, communistes, sous le commandement de l'Union Soviétique. Le fusil remplacera le trombone a ulisse endant ces 2 années sous les drapeaux.
En 1977, démobilisé, il passe et réussit le concours d'entrée à l'Académie de Musique et d'Art de la Danse de Plovdiv. En 1982, il décroche son diplôme de professeur de musique et de chant. Il intègre en 1981 1'Orchestre d'Opéra de Plovdiv en tant que tromboniste, en réussissant le très sélectif concours d'entrée. Il sera, à la même période, assistant metteur en scène à l'Opéra de Plovdiv pour certains grands spectacles, tels que Aida de Verdi, ou Carmina Burana de Carl Orff.
1987 fut un tournant dans sa vie. Il décrocha la seule place attribuée à un élève bulgare de Plovdiv, à la prestigieuse école de mise en scène de Leningrad. Mais la section du Parti communiste de l'opéra estima qu'il ne la méritait pas ; sa famille était défavorablement considérée par le parti parce que certains de ses membres habitaient à l'étranger, et un oncle était pasteur protestant en Bulgarie. Mimo en fut profondément révolté, au point de vouloir quitter le pays et franchir le rideau de fer L'année suivante, l'Orchestre de
l'Opéra de Plovdiv est invité à Paris pour interpréter La Bohème de Puccini. La cinquantaine de musiciens est étroitement surveillée par un commissaire politique du KGB bulgare et
15 membres de l'orchestre sont inscrits au parti communiste. Mimo décida, avec l'aide d'un cousin venu de Suisse, de fausser compagnie à la troupe. Interpelé par le commissaire politique qui surveille les va-et-vient à l'hôtel, Mimo prétendit vouloir aller acheter du pain. La troupe de musiciens devant pourvoir elle-même à son propre ravitaillement, l'homme lui indiqua, sans se méfier, la boulangerie la plus proche. I es mains dans les poches, muni de son seul permis de conduire bulgare et de ses diplômes qu'il avait préalablement cachés dans la doublure de sa boîte à trombone, il s'en alla. Son cousin le fit monter dans un taxi pour rejoindre ensuite sa voiture immatriculée en Suisse, stationnée loin de l'hôtel. Ils atteignirent Saint-Louis le lendemain. Son cousin, alors âgé de 50 ans, exerçait la médecine en Suisse. Il avait quitté clandestinement la Bulgarie en 1968 en passant par la Yougoslavie et l'Italie. Ayant obtenu l'asile politique en Suisse, il espéra l'obtenir aussi pour Mimo. Les autorités suisses la lui refusèrent au motif qu'il se trouvait dans un pays libre, démocratique, La France.
C'est ainsi que Mimo a refait sa vie en France, parmi nous, sans ses parents, restés en Bulgarie. Mais ceci est une autre histoire, pas banale non plus, que je me ferai une joie de vous conter à la prochaine occasion.
Michel ARDIZIO,
Théâtre Philippopolis de
Plovdiv (Bulgarie), ancien
OPéra de Plovdiv,
Bulgarie
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